Depuis plus de vingt ans, Normand Rajotte porte attention sur une région boisée d’un kilomètre carré située au pied du Mont-Mégantic, au sud-est du Québec. De façon assidue, il arpente les lieux, saison après saison, année après année, attentif aux signes de changement qui vont de l’avancée de la végétation aux traces laissées par l’activité animale. Sans documentation préalable, son approche est avant tout centrée sur une observation serrée des choses. Cette démarche intuitive l’a graduellement amené au cours de ses itinéraires à redéfinir son rapport à la nature et a créé un lien d’intimité avec ce territoire. L’évolution qu’il y observe, avec le temps, va de pair avec sa propre évolution et se transpose dans son travail. Le défi, vu les mêmes endroits revisités, est de renouveler le regard pour demeurer ouvert à ce qu’il croise de sorte que de découverte en découverte de nouvelles pistes apparaissent. Il devient en quelque sorte témoin des lieux et gardien des traces captées par la photographie.

 

 

 

« Bien qu’il s’agisse de paysage comme grand thème, il y a chez Rajotte cette dimension intimiste et méditative de territoires scrutés dans ses moindres replis, dans le creux des surfaces et des matières, et dont la représentation va bien au-delà du visible. Nous ne sommes plus dans la description d’un paysage comme tel, mais dans son potentiel suggestif où s’articulent mystère, étrangeté et découverte. Cette démarche singulière s’apparente à celle de l’explorateur. Elle rend compte d’une expérience, perceptive explorant la finalité de notre propre regard sur les choses » (Mona Hakim, historienne de l’art)